Lee Jenkins (@into.ze.wild), une Franco-Anglaise, infirmière de profession et photographe de passion, est la créatrice inspirée de « Visual of L ». Dès l’âge de douze ans, ses mains ont trouvé leur place autour d’un appareil photo jetable, un cadeau de ses parents. C’est néanmoins presque vingt ans plus tard qu’elle a pleinement reconnu et embrassé la photographie comme un art, cherchant à saisir et à partager le monde tel qu’elle le voyait à travers son regard incroyablement sensible.
Basée sur l’île de la Réunion, elle a allié sa carrière d’infirmière à une passion croissante pour la photographie, initialement comme hobby et finalement comme mode de vie engagé. Sans formation formelle, elle s’est immergée dans cet art, se spécialisant dans la photographie de voyage, de paysage et de portrait. Son style unique, son sens des couleurs et sa forte orientation narrative sont évidents dans chacune de ses œuvres.
Je suis personnellement un grand admirateur de son travail et j’ai voulu en savoir plus sur sa manière de photographier et de voyager à travers son objectif. Cette interview vous apportera un éclairage précieux sur sa vision du monde, sa créativité et son amour inébranlable pour la photographie.
Comment votre intérêt pour la photographie a-t-il commencé et comment s’est-il développé au fil du temps pour devenir une passion et un métier à part entière ?
J’ai commencé la photo à proprement parler, il y a 5 ans, après un roadtrip de 6 semaines en Nouvelle-Zélande. À cette époque, je n’avais qu’un compact numérique que je trimballais déjà partout. Je ne connaissais rien aux réglages et ne faisais que des prises de vues en mode automatique. C’est lors de ce voyage que j’ai commencé à ressentir un changement dans ma pratique, une volonté de faire mieux que de simples photos de touriste. Je trouvais que mes photos ne rendaient pas grâce à la beauté des lieux. J’étais frustrée. Alors, j’ai consacré plus de temps à la réflexion et à la composition.
À mon retour de Nouvelle-Zélande, j’ai commencé à approfondir mes connaissances pour apprendre à sortir du mode auto. Je me suis vite sentie limitée avec mon petit compact et j’ai finalement sauté le pas en m’offrant un reflex. La passion ne m’a pas quitté depuis ce jour. Pendant deux ans, je me suis documentée et exercée tous les jours. J’ai obtenu mes premiers contrats au bout de ces deux années. C’est alors que le syndrôme de l’imposteur s’est invité. Je me suis alors offert une formation en ligne, une façon de valider mes acquis et de me sentir légitime. Une dépense à laquelle j’aurais pu me passer, car je n’ai absolument rien appris de plus que ce que je ne savais déjà.
Alors, je suis fière aujourd’hui de dire que je suis totalement autodidacte.
Comment choisissez-vous les destinations de vos voyages ? Qu’est-ce qui vous attire dans un lieu et comment décidez-vous de l’explorer à travers votre objectif ?
Je n’ai pas l’impression de choisir la destination, mais plutôt que c’est elle qui me choisit. Le voyage, je ne l’ai pas découvert, je suis née dedans. Pour tout vous dire, j’ai même été conçue pendant un voyage, sur un bateau entre l’Angleterre et les Pays-Bas. Mes parents étaient des nomades, ma mère, danseuse professionnelle et mon père dessinateur freelance. Ils se sont rencontrés en Irak. Le voyage est ancré dans mes racines. Je suis née aux Pays-Bas, puis 6 mois plus tard, c’est en Allemagne que nous nous sommes posés. Ensuite l’Angleterre où j’y ai passé quelques années auprès d’une partie de ma famille. À 6 ans, nous quittons l’Angleterre pour la France. Pendant toute mon enfance, je voyageais de pays en pays pour rendre visite à mon nomade de père. Le virus, je l’ai depuis toujours, j’ai grandi en voyant le monde.
Dès que j’ai eu un diplôme en poche, je suis partie. D’abord, j’ai quitté ma région pour aller vivre dans les montagnes en Savoie, puis 3 ans après, j’ai pris un aller simple pour Mayotte pour rejoindre une amie, avec l’envie de vivre au jour le jour et de me laisser porter. Je pensais y rester 6 mois, j’y suis restée 3 ans. J’y ai rencontré mon amoureux et ensuite les choses se sont précipitées avec l’arrivée de mon grand. Le climat social à Mayotte devenant compliqué, nous nous sommes installés à la Réunion. Cela fait 15 ans que nous y sommes. Depuis nous comptons une petite baroudeuse en plus. L’arrivée des enfants ne nous a pas freinés dans le voyage. Bien au contraire, ils en redemandent. Le voyage nous rapproche encore plus.
Vous l’aurez compris, ma passion de la photo est née dans le voyage. Nos voyages, ce sont très souvent des grands espaces, une nature omniprésente et l’isolement loin des villes. La photo de paysage, les petits détails de la nature, les animaux rencontrés sur notre chemin sont mes domaines de prédilection. Mon boîtier est greffé à ma main H24 pendant un voyage. La nature est tellement inspirante, difficile de ne pas l’immortaliser. Nous n’avons pas une liste de pays à visiter que nous cochons après chaque voyage réalisé, même si ma bucket list est sans fin. Les évènements de vos vies nous mettent sur le chemin de nos futures destinations comme une évidence et nous l’accueillons comme telle.
Comment organisez-vous vos voyages ? Est-ce que vous planifiez tout à l’avance ou vous préférez l’improvisation ?
Un peu des deux. Je suis celle qui fait les recherches avant le voyage. Je trace les grandes lignes, juste ce qu’il faut pour avoir un fils conducteur pendant le voyage et optimiser notre temps. Mais sur place, nous improvisons beaucoup, sommes à l’écoute de nos envies. Aussi, nous nous adaptons à la vie sur place et à la météo. C’est pour cela que nous privilégions plutôt le voyage en van ou camper, car cela nous permet d’être plus flexible et autonome.
Quelle est votre approche pour capturer les moments les plus authentiques lors de vos voyages et comment faites-vous pour les immortaliser en photographie ?
Je vais sûrement vous décevoir, mais je photographie beaucoup à l’instinct. Voyageant la plupart du temps en famille, et étant la seule photographe, je dois suivre le mouvement. Je n’ai rarement le temps de me poser pour étudier une scène ou un paysage. Je compose dans l’instant présent. En revanche, lors de voyages professionnels pour de la création de contenu, j’ai déjà des idées de visuels que je souhaite créer et sur place j’ai le temps nécessaire pour étudier mon environnement et trouver le bon angle de vue pour sortir la plus belle photo.
Je n’ai rarement le temps de me poser pour étudier une scène ou un paysage. Je compose dans l’instant présent.
Pouvez-vous nous parler du projet « RÉUNIONNAIS » et de votre collaboration avec l’Ile de la Réunion Tourisme (IRT) ? Qu’avez-vous appris de cette expérience et comment a-t-elle enrichi votre pratique photographique ?
J’avais déjà auparavant travaillé avec l’IRT sur de la photographie de paysage. Le portrait ne faisait pas particulièrement partie de mon vocabulaire. Je photographiais certes mes enfants lors de nos randonnées ou lors de nos voyages.
Faisant essentiellement des voyages tournés vers la Nature, je n’ai rarement eu l’occasion de m’exercer à la photo de portrait. Jusqu’au jour où je me suis inscrite à un concours de photo dédié à la journée de la femme. J’avais ce portrait en tête depuis une petite année, mais je n’osais pas me lancer. Pourtant, mon métier d’infirmière fait que je suis plutôt à l’aise avec l’humain. Je m’occupais de cette patiente depuis des années. Un lien spécial nous unissait. Son regard intense, son visage marqué par la vie, mais le sourire toujours au bout des lèvres. Réaliser son portrait, c’était l’occasion de rendre hommage aux femmes créoles lontan, fortes et résilientes. Je suis alors sortie de ma zone de confort et je me suis lancée.
J’ai adoré l’expérience et elle aussi. Nous avons remporté le deuxième prix du concours Célimène. Cela a été ensuite un tremplin pour le projet « Réunionnais ». Une expérience incroyable, qui m’a fait découvrir d’autres aspects du métier de photographe. J’ai réalisé pour ce projet 20 portraits de Réunionnais. J’ai parcouru toute l’île à la recherche de personnes mettant en valeur chaque partie du territoire. Ce projet photographique ne s’est pas arrêté là puisque aujourd’hui, je propose des séances photos de portrait solo, en couple… Même si j’ai une petite préférence pour les portraits mettant en valeur la femme.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent suivre vos pas et concilier une passion pour la photographie et les voyages avec d’autres engagements professionnels ?
Nous sommes toutes et tous différents, nos histoires de vie sont différentes, ainsi que nos schémas familiaux. Ce qui a mon sens est une richesse. Écouter son cœur, ses envies, trouver l’équilibre, apprendre à prioriser ce qui compose sa vie. Il n’est pas toujours facile de tout concilier. Mais si la photo est une passion, la question ne se pose pas, le temps, vous le trouverez. Le voyage, ce n’est pas forcément à des milliers de kilomètres.
Se balader dans sa propre région, c’est aussi voyager, car à travers votre objectif, tout prend une autre dimension.
Pour ma part, j’essaye de voyager loin de chez moi tous les ans voir deux ans et entre temps, je me prévois des petits week-ends sur l’île. J’ai la chance de vivre à la Réunion et qu’en soi, je suis en voyage H24 7j/7. Voyager depuis la Réunion a un coût alors quand on part, c’est pour plusieurs semaines, ce qui signifie travailler non-stop plusieurs mois. Mais c’est un choix qui nous convient, d’où l’importance de s’écouter et de se respecter.
En savoir plus sur Lee Jenkins
L’histoire de Lee Jenkins est celle d’une passion inextinguible pour la photographie et d’une dévotion sans faille à capturer et à partager le monde à travers son objectif unique. Son récit est une preuve poignante que l’art ne se limite pas à une profession, mais est aussi un mode de vie. Elle nous montre comment la passion peut transcender les frontières, enrichir nos vies et éclairer le monde à travers une perspective authentique et personnelle.
Si vous êtes aussi captivés par son travail que moi, je vous encourage vivement à suivre Lee sur ses réseaux sociaux pour voir l’étendu de son art. Vous pouvez la trouver sur Instagram @into.ze.wild & @visualoflee. Laissez-vous inspirer par ses images et n’hésitez pas à la soutenir autant que possible !
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